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Honoré de Balzac
22/05/2006 17:34
La reconnaissance du gamin
Un jeudi gras, vers les trois heures après midi, flânant sur les boulevards de Paris, j'aperçus au coin du faubourg Poissonnière, au milieu de la foule, une de ces petites figures enfantines dont l'artiste peut seul deviner la sauvage poésie. C' était un gamin, mais un vrai gamin de Paris ! .... Cheveux rougeâtres bien ébouriffés, roulés en boucle d'un côté, aplatis ça et là, blanchis par du plâtre, souillés de boue, et gardant encore l'empreinte des doigts crochus du gamin robuste avec lequel il venait peut-être de se battre; puis, un nez qui n'avait jamais connu de pacte avec les vanités mondaines du mouchoir,un nez dont les doigts faisaient seuls la police ; mais aussi une bouche fraîche et gracieuse, des dents d'une blancheur éblouissantes; sur la peau, des tons de chair vigoureux, blanc et bruns, admirablement nuancés de rouge. Ses yeux, pétillants dans l'occasion, étaient mornes, tristes et fortement cernés. Les paupières, fournies de beaux cils bien recourbés, avaient un charme indéfinissable... Ô enfance ! ....
Vêtu à la diable, insouciant d'une pluie fine qui tombait, assis sur une borne froide et laissant pendre ses pieds imparfaitement couverts d'une chaussure découpée comme le panneton d'une clé, il était là ne criant plus:-- 'A la chienlit ! ... lit !.. lit ! ...., reniflant sans cérémonie. Pensif comme une femme trompée, on eût dit qu'il se trouvait là -- chez lui. Ses jolies mains, dont les ongles roses étaient bordés de noir, avaient une crasse presque huileuse... Une chemise brune, dont le col, irrégulièrement tiré, entourait sa tête, comme d'une frange, permettait de voir une poitrine aussi blanche que celle de la danseuse la plus fraîche figurant dans un bal du grand monde...
Il regardait passer les enfants de son âge ; et toutes les fois qu'un petit bourgeois habillé en lancier, en troubadour, ou vêtu d'une jaquette, se montrait armé de la batte obligée, sur laquelle était un rat de craie... Oh ! alors... les yeux du gamin s'allumaient de tous les feux du désir !... L'enfance est-elle naïve ? me disais-je. Elle ne sait pas taire ses passions vives, ses craintes, ses espérances d'un jour !...
Je m'amusai pendant quelques minutes de la concupiscence du gamin. Oh ! oui; c'était bien une batte qu'il souhaitait. Sa journée avait été perdue. Je vis qu'il gardait l'empreinte de plusieurs rats sur ses habits noirs. Il avait le coeur gros de vengeance... Ah ! comme ses yeux se tournaient avec amour vers la boutique d'un épicier dont les sébiles étaient pleines de fusées, de billes ; et où, derrière les carreaux, se trouvaient deux battes bien crayeuses placées en sautoir.
-Pourquoi n'as-tu pas de batte? ... lui dis-je. Il me regarda fièrement, et me toisa comme M. Cuvier doit mesurer M. Geoffroy-Saint-Hillaire quand celui-ci l'attaque inconsidérément à l' Institut. -Imbécile ! ... semblait-il me dire, si j'avais deux sous, ne serais-je pas riant, rigolant, tapant, frappant, criant ? ... Pourquoi me tenter?...
J'allai chez l' épicier. L'enfant me suivit attiré par mon regard qui exerça sur lui la plus puissante des fascinations. Le gamin rougissait de plaisir, ses yeux s'animaient... Il eut la batte...
Alors, il la brandit ; et, pendant que je l'examinais, il m'appliqua, dans le dos d'un habit tout neuf,le premier exemplaire d'un rat, en criant d'une voix railleuse : -'A la chienlit!...lit!...lit!... Je voulus me fâcher. Il se sauva en ameutant les passants par ses clameurs rauques et perçantes... -'A la chienlit!...lit!...lit!...
Dans cet enfant il y a tous les hommes !.....
Honoré de Balzac (La caricature, 11 novembre 1830)
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L'amOur est le crâne
21/05/2006 21:51
Un poême magnifique : L'amour et le crâne
L'amour est assis sur le crâne
De l'Humanité
et sur ce trône le profane, Au rire effronté,
Souffle gaiement des bulles rondes
Qui montent dans l'air,
Comme pour rejoindre les mondes Au fond de l'éther.
Le globe lumineux et frêle
Prend un grand essor,
Crève et crache son âme grêle Comme un songe d'or.
J'entends le crâne à chaque bulle
Prier et gémir :
- "Ce jeu féroce et ridicule, Quand doit-il finir ?
Car ce que ta bouche cruelle
Eparpille en l'air,
Monstre assassin, c'est ma cervelle,
Mon sang et ma chair !"
Charles Baudelaire
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Biographie de Charles Baudelaire.
21/05/2006 21:35
Avant tout, nous allons apprendre a me connaître ce monsieur dont on parle tant. Cette légende, cette artiste qui nous a fais partager un des univers les plus majestueux. Un Grand homme que je me dois d'honorer.
La biographie de Charles Baudelaire
1821 |
Naissance de Charles-Pierre Baudelaire à Paris le 9 avril. Il est le fils de Joseph-François Baudelaire, né en 1759, et de Caroline Archenbaut-Dufaÿs, née en 1793. |
1827 |
Mort du père de Charles Baudelaire. |
1828 |
Sa mère se remarie avec le général Aupick. Les relations entre le jeune Charles et le général seront toujours médiocres. Le remariage hâtif de sa mère l'affectera beaucoup. il se sent abandonné par celle qu'il croyait "uniquement à lui". |
1832 |
Charles est pensionnaire au collège royal de Lyon |
1836 |
Après un séjour de quatre ans à Lyon, il revient à Paris et sera élève Collège Louis-le-Grand de Paris. Il lit Chateaubriand et Sainte-Beuve. |
1839 |
Il obtient son baccalauréat en août |
1840 |
Alors que sa mère et son beau-père souhaiteraient qu'il devienne Ambassadeur, lui mène une vie de dandy au Quartier latin et n'a qu'un rêve de rebelle : devenir poète |
1841 |
Pour tenter de dompter ce beau-fils indigne, son beau-père de général l'embarque en juin, sur le "Paquebot des Mers du Sud" : Direction les Indes. Son voyage s'arrêtera finalement à l'île Maurice . Au bout de sept mois, Charles Baudelaire met fin à cet exil. Il gardera de ce voyage le souvenir de " la belle Dorothée". Plusieurs poèmes comme Souvent, pour s'amuser, les hommes d'équipage ou Parfum exotique ont certainement été inspirés par ce voyage. |
1842 |
Bénéficiant de l'héritage paternel, Charles Baudelaire dépense sans compter : l'alcool, l'amour, et l'art. il fait la connaissance de la " vénus noire" Jeanne Duval qui lui inspirera de nombreux poèmes, dont La Chevelure et Le Serpent qui danse. |
1845-46 |
Charles Baudelaire vit du journalisme d'art : Publication de nombreux articles de critique. |
1847 |
Il rencontre Marie Daubrun, une actrice dont les yeux lui inspirent en particulier Le Poison et Ciel brouillé.
Il publie ses premières traductions d'Edgar Poe. Une grande complicité l'unit à cet auteur américain maudit. Ils ont une conception identique de l'art ainsi qu'une fascination commune du mal, ce que Poe appelle le démon de la perversité. Il va traduire et préfacer presque toute l'œuvre de son ami américain
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1848 |
Charles Baudelaire participe aux journées révolutionnaires de février et va même jusqu'à monter sur les barricades. Il participe à la création d'un journal révolutionnaire : le Salut Public |
1849 |
Il s'éloigne progressivement de la politique. Pour lui le vrai combat est dans la poésie. |
1851 |
Il dénonce le coup d'état de Louis-Napoléon Bonaparte .
Publication : Du vin et du haschisch
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1852 |
Début de sa liaison passionnée avec Apollonie Sabatier. Il lui adresse de nombreux poèmes, dont Harmonie du Soir et L'Aube spirituelle |
1854 |
Il publie Les Contes extraordinaires d'Edgar Poe. |
1855 |
Publication de son compte-rendu de l'Exposition Universelle et de dix-huit poèmes des futures Fleurs du mal |
1856 |
Publication de sa traduction des Histoires et des Nouvelles histoires extraordinaires d'Edgar Poe. |
1857 |
Mort de son beau-père, le Général Aupick.
En juin, publication des Fleurs du mal chez Poulet-Malassis. En août, un procès en moralité est instruit contre lui. Le procureur Pinard demande la condamnation du recueil de poèmes. Malgré l'appui de Sainte-Beuve et de Barbey d'Aurevilly, Charles Baudelaire et son éditeur sont condamnés. Six poèmes devront également être retirés.
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1858 |
Charles Baudelaire se réconcilie avec sa mère. |
1860 |
Publication des Paradis artificiels. |
1861 |
Publication de la seconde édition des Fleurs du mal. En avril, il fait également paraître un long article sur Richard Wagner . |
1864 |
Baudelaire fuit en Belgique s'installe à Bruxelles où il donne une tournée de conférences. Très vite ce pays, qui d'abord lui a plus, lui devient insupportable. Il est atteint par la syphilis, et a de plus en plus recours à la drogue. |
1866 |
Il fait une chute dans l'église Saint-Loup de Namur et perd connaissance. Il est hospitalisé à Bruxelles, victime à la fois d'hémiplégie et d'aphasie. |
1867 |
Il revient à Paris et le 31 août, il meurt, à quarante-six ans dans la clinique du docteur Duval. Il est inhumé le 2 septembre au cimetière Montparnasse. |
1868 |
Publication, à titre posthume, du Spleen de Paris, ainsi que des Curiosités esthétiques. |
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